Baromètre de la formation continue - Analyse de l'année 2022

Quelle année 2022… mais quelle année !!!

Faire une analyse de l’année écoulée, c’est regarder dans le rétroviseur afin de prendre conscience du chemin parcouru, de prendre conscience et d’analyser cette activité qui est la nôtre : la place de la formation continue sur notre province. 

Si certains continuent de nier les évidences, force est de constater que pour beaucoup d'organisations, former ses employés est un enjeu majeur, un trait fort de leur marque employeur. Quand beaucoup parlent de « trouver leurs talents » à l’externe, d’autres les font grandir à l’interne et c’est aussi grâce au travail des experts qui chaque jour s’adaptent aux contraintes et aux enjeux que nous imposent le monde économique.

 

I. Évolution du marché ces trois dernières années

Cette année est la plus « chaotique » de ces trois dernières. Une fréquentation en dents de scie.

Deux années en une en fait : un premier semestre avec une fréquentation très inégale d’un mois à l’autre et le second, frappé de plein fouet par une baisse des activités de formation. 

  1. Le premier semestre : 
    Les enjeux de main-d’œuvre frappent de plein fouet les organisations qui sont prises entre le marteau et l’enclume : former ou chercher de la main-d’œuvre. Difficile de concilier les deux enjeux. Un premier semestre aussi le démontre par une fréquentation de Boomrank en nette progression par rapport aux deux années précédentes.



  2. Le second semestre :
    Comme les années précédentes, la période « juillet-août » marque une pause des activités de formation mais pour la première fois, septembre a repris doucement.
    Si, comme confirmés par les organisations, des choix se sont opérés en interne afin de privilégier la production et la recherche de talents, plusieurs organisations nous ont aussi mentionné vouloir mieux planifier l’ensemble de leurs activités et en particulier :
    - Leur gestion des talents
    - Leur gestion de la formation

    Un choix aussi pour 2023, de mettre en place des stratégies « formations » afin d'accroître leur compétitivité et fidéliser leurs équipes.
    De plus, nous avons aussi eu confirmation que les organisations en région souffrent plus de la crise de la main-d'œuvre que celle des grands centres (Montréal, Québec, Laval, Montérégie).

    Il est difficile pour elles de proposer à leurs employés de se professionnaliser alors même que leurs équipes souffrent terriblement du manque de main-d’œuvre. Cette attraction des talents en région met terriblement à mal l’équilibre économique de ces dernières.

    Difficultés à recruter = baisse de productivité (voire perte de mandat) = chute de la formation continue = départs d’employés = baisse d’attractivité de certains emplois = départ de certaines familles vers des centres économiques plus attractifs. LA problématique est complexe et endiguer ce phénomène est urgent.

II. Profil des acteurs en recherche d’experts :

  1. Confirmation du B2B :
    Là encore, la raison d’être une place de marché B2B se confirme avec presque 90% des visiteurs qui sont des professionnels.



  2. Statuts des professionnels en recherche :
    Une baisse des organisations privées en recherche de réponse à leurs enjeux s’est fait ressentir par rapport à 2021 et, inversement, une hausse des organisations publiques est constatée.



  3. Taille des organisations
    Les tendances observées en 2021 se sont confirmées en 2022.

    Les organisations de moins de 250 employés ont, semble-t-il, freiné leurs projets de formation. La crise de la main-d’œuvre en est la principale raison, comme énoncé précédemment. Difficile, entre autres, d’envoyer en formation les équipes quand ces dernières manquent de main-d’œuvre.

    Les organisations de plus de 250 employés ont, quant à elles, été plus présentes et ont maintenu leurs recherches de réponses. La formation reste un outil de rétention des talents et devient aussi un outil de captation des talents avec la mise en place de plans de carrière et plans de développement des compétences au sein des organisations.

 

III. Recherches d’experts mais pour quelles compétences ?

  1. Softskill ou Hardskill ?
    Les demandes d'expertise en comparaison à 2021 sont presqu’identiques. Il semble y avoir une recherche légèrement supérieure pour des formations dites « généralistes »



  2. Détail des besoins en expertises des organisations au Québec en 2022
    Il est naturel de voir des changements sur ce point. Les besoins des organisations sont adaptables aux compétences de leurs employés et s’ajustent au gré des enjeux de chacune.

    2022 retrouvent dans le Top 5 dans les besoins d’experts traditionnels à savoir « Leadership, Bureautique, Gestion, Ressources Humaines et Management ». Arrivent de très près les « Langues » et « la Qualité, Le Lean » et les besoins dits « organisationnels » (gestion du temps, des priorités du changement ).

    Une percée significative de recherche d’experts en « Réseaux sociaux » est à noter sur cette année 2022.

    Quoi qu'il en soit, ce tableau démontre, de façon non exhaustive, la diversité des recherches effectuées par les visiteurs.

IV. Parts de marché des acteurs et modalités de réalisations souhaitées

  1. Parts de marché des experts
    Les entreprises privées de la formation continue occupent l’espace avec 48% des recherches effectuées par les organisations, les experts du secteur public suivent respectivement avec 29% pour les cégeps et 23% pour les universités.



  2. Modalités de réalisations souhaitées
    Confirmation est faite : les formations dites présentielles sont de nouveau en haut de l’affiche suivies par les demandes de formules mixtes.

    Les organisations sont en recherche de formations sur mesure tant sur le fond que sur la forme.

    Le « blended learning », aussi appelé formation mixte, est un modèle d’apprentissage qui combine présentiel et distanciel, ce qui permet de varier notablement les supports pédagogiques et les situations de travail. En effet, l’apprenant bénéficie à la fois d’interactions avec un formateur et d’autres participants ainsi que d'un accès à des contenus multimédias interactifs et ludiques. Mais là n’est pas le seul atout du blended learning, et c’est d’ailleurs ce qui explique le succès grandissant de cette formule hybride…

    Voici les principales raisons d’opter pour la formation mixte:
  • Une réelle flexibilité
    Avantage lié au e-learning : la flexibilité immense permise par le distanciel. L’apprenant a en effet la possibilité de travailler quand et où il le souhaite et donc, de ne pas être pénalisé, éventuellement, par des horaires et conditions d’apprentissage rigides. Il progresse ainsi à son rythme, sans encombre et sans frustration. Par ailleurs, cette flexibilité autorise l’apprenant à suivre les modules dans l’ordre qu’il a choisi.

  • Une formule idéale pour maintenir l’attention de l’apprenant
    L’alternance des supports pédagogiques et des méthodes est sans doute l’une des meilleures manières de maintenir l’attention de l’apprenant. Cela lui permet d’une part de ne pas sombrer dans une forme de lassitude causée par la redondance des modalités d’enseignement, et d’autre part de favoriser l’efficacité de son apprentissage. C’est aussi une façon de rendre la formation plus vivante et donc plus stimulante qu’elle ne serait dans un contexte pleinement digital.

  • Un suivi de qualité
    Il est parfois reproché au e-learning de ne pas pouvoir offrir de suivi satisfaisant aux participants. Le blended learning, grâce aux fréquentes interactions – en personne – avec le formateur, mais aussi avec les autres apprenants, permet d’éviter l’isolement des individus et ainsi de limiter le risque de désengagement. C'est un moyen de prévenir également tout décrochage lié à des difficultés non résolues à temps, faute d’accompagnement. Si l’apprenant est autonome, il n’est pas pourtant « lâché dans la nature ».

  • Un accès facilité à l’ensemble du contenu proposé
    Si l’apprenant a des questions ou qu’il souhaite revenir sur des informations délivrées dans les modules, il peut accéder au contenu recherché immédiatement et sans difficulté (même à partir de son téléphone mobile) grâce à la plateforme numérique.

  • Des économies de budget
    Une formation donnée 100 % en présentiel représente parfois un budget conséquent : frais de location d’une salle, rémunération d’un formateur externe qui doit systématiquement se déplacer, coûts de déplacement et d’hébergement des apprenants, éventuellement perte de temps de travail des apprenants si la formation a lieu dans le cadre de l’entreprise… Autant de contraintes qui sont largement réduites grâce à la partie e-learning de la formation mixte qui, soit dit en passant, nécessite peu de ressources matérielles : un ordinateur avec une connexion internet suffit.

  • Les avantages logistiques
    Avec au moins la moitié des programmes d’apprentissage numérisé, le blended learning offre la possibilité de s’affranchir de certaines tâches récurrentes liées à l’organisation d’une formation en présentiel : constitution des groupes, réservation de salles, restauration pour les participants, etc.




 

V. Répartition géographique des recherches en formation sur la province
Les régions dans leur grande majorité se maintiennent, néanmoins, une baisse est observée sur plusieurs et le lien avec les tensions de main-d’oeuvre en est une des causes principales.


VI. Employeurs – Formateurs

Cela fait maintenant plus d’un an que les équipes Boomrank ont fortement innové par la création du service Employeur-Formateur. Ce service permet aux entreprises de combler leurs postes pour lesquels elles offrent ou souhaitent offrir aux candidats de les former à des métiers en milieu de travail.

Il permet ainsi aux organisations:
- D’utiliser leurs atouts de formation interne comme levier d'attraction de main-d'œuvre;
- De combler leurs postes les plus spécifiques malgré la rareté de main-d'œuvre;
- De valoriser les métiers et carrières dans leur secteur par des campagnes créées sur mesure.

Le badge "Employeur-Formateur" est alors attribué aux organisations qui ont mis en place des formations métiers rémunérées pour les nouveaux employés et qui misent sur le développement des compétences des équipes en place afin de leur permettre de recruter une main-d’œuvre prête à apprendre un métier en entreprise.

  1. Taille des organisations mettant en œuvre l’emploi formation
    Les chiffres démontrent un intérêt croissant des organisations pour ce procédé et ce, quelle que soit la taille de ces dernières.




  2. Types de métiers proposés par ce biais
    Tous les types d’offres d’emplois-formations sont concernés avec un recours majoritaire néanmoins pour les emplois à caractère « technique ».



    Des organisations des secteurs suivants utilisent ce service :

    - Entreprise d'insertion - Service à la personne
    - Soins médico-esthétiques
    - Services aux entreprises
    - Commerce de détail
    - Bâtiment
    - Service de conception
    - Génie civil
    - Boulangerie Pâtisserie
    - Équipements collectifs
    - Services pour l’environnement
    - Design – Ingénierie
    - Entretien ménager et gestion maintenance
    - Aéronautique
    - Santé

  3. Constat quant à l’efficience
    Sur les six premiers mois de 2022, ce sont quelque 14 108 candidats potentiels qui ont pu rejoindre ainsi les offres d’emplois-formation proposées par les organisations.

    Sur le second semestre, ce sont 14 662 candidats potentiels qui se sont ajoutés.

    Avec 28 770 personnes qui se sont tournées vers ce type de poste, le constat est évidemment positif.
    Ce service démontre un intérêt certain en permettant aux organisations d’utiliser une nouvelle corde à leur arc.



    Ce type de formation reste complémentaire des autres solutions en matière d’acquisition de talents et les organisations qui se diversifient dans ce domaine en faisant preuve d’innovation sont à encourager.


Conclusion

Une année 2022 mouvementée, donc avec des tendances qui se confirment :

- L’impact de la crise de la main-d’oeuvre impacte la formation dans tous les secteurs et avec plus de forces en région;
- Les experts-formateurs s’adaptent toujours avec une grande agilité et un grand professionnalisme à toutes ces tendances;
- Notre secteur reste sous tension mais demeure dynamique;
- L’expression claire de la part des organisations de vouloir mieux planifier l’ensemble de leurs activités et en particulier :

  • Leur gestion des talents (acquisition et rétention)
  • Leur gestion de la formation
  • Et donc de bonifier leur marque employeur.

Gageons que le Sommet de la Formation qui va se tenir le 20 avril 2023 prochain au Centre des Congrès de Québec permettra à toutes et à tous un échange des bonnes pratiques et la prise d’information permettant ainsi à chacune et chacun de répondre à leurs enjeux.

 

Christophe Charré – Directeur Développement Stratégique International et Partenariat – Spécialiste en Développement des Compétences 

Sources : Les données de la Formation Continue sont issues de boomrank.ca

Pour informations supplémentaires: info@boomrank.ca / 888-529-6807