Un contrat gagnant = 1 jeune + 1 école + 1 entreprise

Étudiant en emploi ou salarié en formation ? Le statut varie d’un pays à l’autre, et parfois même au sein d’un même pays. Mais au-delà de cette question, l’intérêt des « stages » en entreprise n’est plus à prouver.

Les formations, qu’elles soient académiques ou professionnelles, sont souvent adossées à une ou plusieurs périodes dites de stage.

Que ces derniers soient rémunérés ou non, ils restent un élément prépondérant dans le cursus des étudiants.

En Europe, l’année 2020 devient ainsi la meilleure rentrée de l’histoire pour l’apprentissage en dépit de la crise. Le mercredi 6 janvier dernier en Conseil des ministres, Mme Elisabeth Borne, ministre du Travail française, a soufflé un vent d’espoir dans le climat morose de l’emploi, mis à mal par la crise sanitaire. Portée par la réforme de l’apprentissage et les aides de l’État aux entreprises, la formation en alternance a connu un grand succès en 2020 : 440.000 contrats d’apprentissage ont été signés. « Toutes les mesures prises par le gouvernement ont non seulement limité la casse, mais ont augmenté les effectifs d’apprentis par rapport à l’an dernier », confirme Éric Caland, directeur du CFA-EVE, centre de formation des apprentis spécialisé dans l’enseignement supérieur en Ile-de-France.

En 2019, la France avait vu l’engouement pour l’apprentissage confirmé. Pour la quatrième année consécutive, les chiffres étaient en hausse : +16% de nouveaux contrats d’apprentissage. La France comptait quelque 485 000 apprentis. 

Personne, il y a quelques mois encore, n'aurait parié sur une telle hausse de 19 %, soit 67.000 jeunes de plus. « Record pulvérisé », s'est réjouie la ministre du Travail, et ce en période pandémique. Et ce, même si des disparités existent suivant les secteurs économiques.

Parallèlement, près de 60% des entreprises renouvellent les contrats et 70% des étudiants trouvent ainsi leur premier emploi en moins de 7 mois.

L’Allemagne reste loin devant avec quelque 1.6 millions d’apprentis. La dynamique de compétitivité et la performance économique qui caractérisent l’économie allemande résultent d’un ensemble de facteurs systémiques qui contribuent à optimiser la gestion de ses entreprises. Parmi ces derniers figure la valorisation du facteur humain dans l’entreprise à laquelle contribue au premier rang la formation professionnelle initiale par l’apprentissage dans le cadre du système de formation duale.

Il ne faut pas oublier la Suisse et l’Autriche. Ces deux derniers, ont aussi d’excellents systèmes qui diffèrent de l’allemand. D’autres pays ont aussi développé leur système de formation en apprentissage, dont l’expérience pourrait devenir une source d’inspiration (l’Australie, le Royaume-Uni).

Dans tous les cas de figure, le temps n’est pas de vouloir appliquer ici des systèmes pratiqués ailleurs, mais plutôt de voir à quel point prendre des stagiaires à des vertus pour toutes les parties prenantes :

  • Pour l’étudiant, le stage est souvent l’opportunité de découvrir le monde de l’entreprise, dans ce qui devrait être son 1er emploi dans son choix d’étude,
  • Pour l’entreprise, recruter un stagiaire lui permet de bénéficier d’une main-d’œuvre qui peut lui apporter des regards neufs, de nouvelles pratiques. Et peut-être de dénicher leurs talents de demain.
  • Pour les établissements d’enseignement, outre le fait de placer leurs étudiants, cela leur permet de garder ce lien si précieux entre leur programme et le monde économique et de montrer la qualité de ces derniers.

 

Les talents de demain des entreprises québécoises ne sont peut-être pas si loin que cela.

Pour que ces stages soient des réussites pour tous, une des pierres angulaires de ce contrat tripartite reste l’accompagnement du stagiaire par l’entreprise et l’établissement d’enseignement. La découverte d’un milieu professionnel peut être semé d’embuche et la présence d’un « tuteur », d’un « mentor » va éviter bien des déceptions. Le transfert des savoirs par des employés expérimentés est un des piliers de la pérennité économique des entreprises. 


Christophe Charré – Spécialiste en développement des compétences –

Christophe a, pendant 20 ans, accompagné des étudiants en cycle universitaire, collégiale et des entreprises de toutes tailles, de tous secteurs. La promotion de l’alternance l’a nourrie et il a été à l’origine de la création et du développement de programmes universitaires en alternance et de programmes de formation professionnelle pour diverses branches professionnelles. Il a su mesurer les enjeux et contraintes que représentent, tant pour les établissements d’enseignement que pour les entreprises, le fait de recourir à ce type de contrat et les a accompagnés pour que la réussite des uns et des autres soit le résultat de ces expériences.


Sources : 

1. Philippine Ramognino, « Que masquet les chiffres records de l'apprentissage pour 2020?», Capital avec Management., Janvier 2021. https://www.capital.fr/votre-carriere/que-masquent-les-chiffres-records-de-lapprentissage-pour-2020-1390707


2. Sylvie Ann Hart, «La formation en alternance et les stages au Québec», Observatoire compétences - emplois., Août 2019. https://oce.uqam.ca/la-formation-en-alternance-et-les-stages/