Article original: https://www.journaldemontreal.com/2021/09/27/penurie-de-main-duvre-misons-sur-la-formation-en-milieu-de-travail
Pendant la pandémie, nous sommes devenus bien malgré nous des figurants involontaires comme dans le célèbre film de Bill Murray, Le jour de la marmotte. Nous avons été conditionnés collectivement à subir les restrictions de la pandémie, jour après jour... Avec ce supplice de la goutte, nous nous sommes concentrés sur l’ampleur des problèmes au lieu de prévoir les solutions en amont.
Nous tombons dans le même piège avec l’enjeu de la pénurie de main-d’œuvre. Le cadran nous réveille et nous nous répétons en boucle les mêmes analyses. Pourtant, il faut faire quelque chose maintenant et mettre en place des solutions concrètes avant qu’il ne soit trop tard.
J’ai une image en tête: celle d’un groupe de coureurs dans un marathon. Nous parcourons la distance, sans se soucier de ce qui nous attend plus loin, la tête baissée au lieu de regarder droit devant. Nous savons qu’une côte difficile à surmonter nous attend. On se le répète pendant la course sans prendre la peine de partager quelques astuces. La pénurie de main-d’œuvre, c’est comme la côte à monter du marathon que nous commençons à gravir et qui pourrait nous faire trébucher.
Le problème
Soyons honnête: une partie du problème de la pénurie de main-d’œuvre réside dans une meilleure adéquation entre l’offre de formation au Québec et la demande. La formation académique et continue est pertinente, mais force est de constater que cette offre ne répond pas entièrement à la demande actuelle du marché et aux besoins des travailleurs. Pas motivant de retourner au cégep à 30 ans. Les entreprises, elles, ont-elles vraiment le luxe d’attendre la fin de la prochaine cohorte?
Et si nous misions entre autres sur la formation en milieu de travail pour contrer la pénurie de main-d’œuvre qui frappe le Québec? Et si, pour certains des 300 000 chômeurs ou bénéficiant d’aide de dernier recours (et combien de décrocheurs), la voie académique n’était pas celle à envisager, la voie d’apprentissage en milieu de travail pourrait-elle être celle qui conviendrait le mieux et surtout la plus efficiente?
Une formule gagnante pour tous
Former en emploi permettra aux entreprises de combler immédiatement des postes vacants, c’est un gagnant-gagnant pour l’entreprise et pour le chercheur d’emploi. Être formé de façon structurée sur les lieux de travail contribue dès maintenant à la productivité et, en même temps, à l’apprenant d’être rémunéré pour accomplir ses tâches et son apprentissage. Un impact positif est à prévoir sur la motivation de ces nouveaux employés. S’agit-il d’une idée nouvelle? Pas du tout. Le Conseil du patronat et l’Institut du Québec plaident déjà en faveur de la formation en emploi. Des milliers de PME y ont recours chaque jour.
Vous doutez de l’approche? Certaines entreprises n’attendent pas et se créent de toutes pièces des centres de formation pour répondre à leur pénurie de personnel, signe qu’elles prennent le taureau par les cornes pour répondre à leurs besoins. De plus en plus d’entreprises offrent aux candidats de les former en entreprise pour un poste ou un métier à exercer. Le défi, c’est l’exécution et surtout l’ouverture d’esprit de la part des employeurs du Québec (et des chercheurs d’emploi bien sûr). Sinon, on va foncer dans le mur.
Et si on pensait en dehors de la boîte en appliquant des solutions existantes pour surmonter la pénurie de main-d’œuvre?
Souvent, les solutions à nos problèmes sont tout juste sous nos yeux.
___
Marie-Eve Hermkens
Présidente
Plate-forme de développement des compétences Boomrank inc.